Sentier du Pierroy

PATRIMOINE NATUREL - CIRCUIT TOURISTIQUE

Le sentier nature et patrimoine du Pierroy, dans la forêt domaniale de Château-Regnault à Bogny-sur-Meuse, est riche d’une diversité botanique arborescente, d’affleurements géologiques où la tectonique est bien présente, de points de vue sur la vallée de la Meuse à Braux à Château-Regnault par Levrézy, et des vestiges de l’industrie extractive du quartzite des carrières des Pleines Roches.

Intérêt géologique

Les carrières des Pleines Roches ouvertes et abandonnées, le long du sentier, permettent d’observer le passage géologique entre l’étage Devillien (supérieur) et l’étage Revinien (inférieur); soit entre 540 et 500 millions d’années. Ces deux étages sont représentés par des quartzites clairs, des schistes verts et des phyllades ou schistes gris et verts. Ce sont les quartzites qui ont fait l’objet de l’extraction.

Le quartzite : c’est un grès métamorphisé sous l’effet d’une élévation de la pression et de la température. Il est constitué de grains de quartz provenant d’un sable (dépôt sédimentaire), et d’impuretés qui lui donnent sa couleur. Les grains sont aplatis et orientés suivant des plants parallèles. Cette propriété a permis l’exploitation des quartzites comme pierre de construction. Sa dureté, due à la présence du quartz, lui a offert une autre destinée par concassage en granulats utilisés dans les revêtements routiers et le ballast des voies de chemin de fer.

Le schiste : c’est une argile métamorphisée, en même temps que le quartzite. C’est un silicate d’alumine qui peut renfermer des cristaux de quartz, de micas, de pyrites de fer ou de magnétite. C’est une roche foliée qui, lorsqu’elle est suffisamment plane, peut produire par fendage des ardoises. La tectonique peut être illustrée par un très bel anticlinal formé d’une alternance de schistes verdâtres et de quartzites clairs dans le Devillien supérieur. Des micro-plis ou gaufrages peuvent être observés sur des échantillons de schistes.

Le poudingue : c’est un conglomérat de galets cimentés dans une matrice argilo-sableuse. L’émoussé des galets témoigne de la distance parcourue lors du transport. Les galets sont entraînés dans une direction parallèle à l’axe de leur allongement. Si la distance est courte, l’usure ou émoussé est peu importante. Dans le cas d’un transport par l’eau, le galet roule en tournant sur un axe coïncidant avec son allongement.

Intérêt Botanique

La strate herbacée est essentiellement constituée de fougère aigle, de fougère mâle, de canche flexueuse, de potentille tormentille, de polytric.

Un passage humide colonisé par des sphaignes prouve l’acidité du milieu.

La strate arbustive est composée de genêt à balai, de myrtille, de ronce, de callune, de chèvrefeuille et de lierre.

La strate arborescente est la plus riche : chêne rouvre ou sessile, bouleau verruqueux, hêtre et hêtre pourpre, charme, coudrier noisetier, sorbier, bourdaine, châtaignier, saule à oreillettes, néflier, pommier, houx, peuplier tremble, pin sylvestre, épicéa et au retour, à proximité de la platelle, érable sycomore.

La zone humide est aussi caractérisée par la présence du peuplier tremble, du saule à oreillettes et d’un semis de pins sylvestres parmi les sphaignes, les polytrics et la callune.

Le sentier serpente dans une station au sol très riche en silice : acidophile.

Le sol est pauvre, caillouteux, acide, peu profond. Seule une chênaie-boulaie oligotrophe peut se contenter de ce maigre milieu.

Intérêt Historique

En 1893, 4 exploitations se partageaient les carrières des Pleines Roches : MM. Maillard, Hulot, Péchenart et Avril.

Les quartzites extraits étaient destinés au macadam pour revêtements routiers. C’est le début du siècle et le plein essor des voies de communication terrestres.
En mars 1893, Monsieur le Maire de Levrézy, Eugène Renault, sur la recommandation de M. Rigaux, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées à Charleville, adresse six échantillons de grès quartzites aux laboratoires du ministère des travaux publics.

Les résultats datés du 22 mars 1893, prouvent une grande qualité de la roche.
Vers 1953, Fernand Guéry, négociant en combustible et matériaux de construction à Braux entreprend la relance de l’exploitation des carrières de Pleines Roches à Levrézy en fondant avec quelques amis la Société anonyme des Carrières du Pierroy.

C’est le secteur le plus élevé qui est choisi pour l’extraction.
En septembre 1953, il adresse un échantillon des quartzites au Laboratoire centre des Ponts et Chaussées à Paris. Les résultats obtenus confirment ceux de 1893. la dureté de la roche, qui met à l’épreuve les mâchoires en acier au manganèse du concasseur, est due à la présence de 92,4% de silice dosée en octobre 1954 par le laboratoire d’essais de Paris.

Début juin 1955, en vérifiant les mâchoires du concasseur, Fernand Guéry est happé par la machine et succombe à ses blessures. Cet accident mortel entraîne la cessation d’activité de la jeune entreprise.

L’exploitation très ancienne de ces carrières, reprise dans les années 50 et interrompue brutalement en 1955, a laissé les cicatrices béantes des extractions et surtout la présence de cabanes de carriers.

Ces cabanes, réduites aujourd’hui à des murs d’une élévation d’un mètre,
traduisent la présence humaine des tailleurs de pierres.

Les chemins d’accès ou de vidange, et les verdoux (tas de déchets) consolidés par des murs de pierres sèches sont encore un témoignage d’une industrie qui a permis la construction des routes et des maisons des villages avoisinants et vers 1850, une partie du remblai de la voie de chemin de fer de Charleville à Givet.

Le chemin d’accès depuis le Château Marcadet (rue des Euvies) jusqu’à la platelle au départ du sentier est une voie ancienne, crêtée, mais en partie dégradée actuellement suite aux fortes pluies de fin décembre 1993 et de janvier 1995.


Point de vues

À l’altitude moyenne de 300 m, le sentier, à flanc de colline, offre de nombreux points de vue sur la vallée de la Meuse, des quartiers de Bogny à Braux, avec une vue presque totale sur Levrézy. Le panorama vers le sud depuis le col de Braux, au Bois des Beaux-Sarts, au dessus de Bogny, s’étend vers l’horizon en direction de Nouzonville, Meillier-Fontaine, en faisant apparaître la pénéplaine ardennaise.

Panorama depuis le point de vue des Pleines Roches :

Au premier plan : la plaine alluviale de la Meuse, parcourue longitudinalement par la voie ferrée de Charleville à Givet et par la route départementale n°1, rive droite, est occupée par l’agglomération de Bogny-sur-Meuse, constituée en 1967 à partir de trois village et un écart. D’amont en aval ou d’est en ouest, la Meuse traverse Braux dont le clocher de l’église apparaît, puis Levrézy au centre pour s’engager dans un passage étroit entre les rochers de l’Hermitage et ceux des 4 Fils Aymon au niveau du quartier du Petit Bogny. Ce quartier implanté au confluent de deux ruisseaux importants, les ruisseaux des Eparus et de la Soque peut être considéré comme le berceau de la métallurgie locale. Au pied des 4 Fils Aymon, le dernier village est celui de Château-Regnault, caché en grande partie par le site légendaire.

Au second plan : des clairières alignées parallèlement aux courbes de niveau, sont installées sur une haute terrasse de la Meuse pouvant être datée du Mindel (environ 600.000 ans B.P.). Le cours ancien de la rivière décrivait un méandre à la hauteur du Petit Bogny. Le pédoncule, coiffé d’un bois d’épicéas, au lieu-dit Beaux-Sarts et d’un relais de télécommunications est délimité par les ruisseaux des Eparus et de la Soque à l’ouest du panorama. Le versant en face du point de vue est entaillée d’une série de petites vallées parallèles, d’âge würmien (environ 50.000 ans B.P.).

À l’horizon : le relief très aplani donne l’image de la pénéplaine ardennaise, vieux massif né il y a plus de 500 millions d’années. Le pylône des télécommunications de Sury, à 16,5km à vol d’oiseau est visible par temps clair juste en face du point de vue.

Panorama depuis le point de vue du Pierroy :

À l’altitude de 360m, ce point de vue dans l’axe des rochers des 4 Fils Aymon domine Château-Regnault et Levrézy. Les rochers, forment une crête gréseuse découpée en 5 dents qui correspondent, d’après la légende, au cheval Bayart monté par Renaud, Allard, Guichard et Richard, les fils du duc Aymon. Ils culminent à l’altitude de 260m. entre les pics de quartzite, les schistes moins résistants ont subi l’érosion en profondeur. Au sud-ouest apparaît le pédoncule du méandre abandonné par la Meuse au Quartenaire ancien. Il est coiffé d’un bois d’épicéas surmonté d’un relais de télévision. Deux vallées témoignent du passage de la Meuse qui a laissé quelques lambeaux de terrasses datées du Mindel, il y a environ 600.000 ans. Ces deux vallées peuvent être considérées comme le berceau de l’industrie métallurgique de la commune.